En ce qui concerne les données expérimentales, le nombre limité d'espèces nucléaires rend impossible une application directe de la méthode. Les propriétés d'invariance d'échèlle ont alors été étudiées pour une même collision d'ions lourds en variant la violence de la collision [6] et un changement de régime a été observé de
vers
.
L'ensemble statistique (tri expérimental) dans lequel est effectué cette analyse s'apparente à un ensemble gaussien intermédiaire entre un ensemble microcanonique et un ensemble canonique.
En notant
la distribution du plus gros fragment,
et
la moyenne statistique et la variance de cette distribution, l'équation (1) peut être écrite de façon équivalente par l'ensemble des deux relations
![]() |
Nous avons appliqué cette méthode d'analyse aux données de notre modèle pour mieux comprendre ce signal. Similairement à la méthode expérimentale, nous avons gardé la taille du réseau constante (6x6x6, ce qui correspond à 108 particules dans l'ensemble canonique).
La figure (3) montre les résultats obtenus dans les ensembles grand-canonique (haut) et canonique (bas). La partie gauche de chaque sous-figure montre la relation entre le logarithme de la valeur moyenne (
) et le logarithme de la variance (
) des distributions du plus gros fragment, chaque point correspond à une température (basses températures à droite, hautes à gauche), la partie droite de ces figures superpose les fonctions d'échèlle
.
Dans l'ensemble grand-canonique, comme nous l'avons vu au paragraphe précédent, les distributions du plus gros fragment dans la zone de coexistence de phase sont bimodales. La variance globale a donc une signification qui n'est plus compatible avec la théorie des fluctuations universelles. Dans cet ensemble les fonctions d'échèlle de ces distributions ne se superposent pas, il n'y a pas d'invariance par changement d'échèlle. La relation entre variance et moyenne est linéaire, aucun accident ne permet dans ce diagrame de déceler la localisation du point critique. Il est plus judicieux par exemple d'utiliser comme nous l'avons vu la disparition de la bimodalité pour localiser le point critique. Seules les distributions correspondant à des températures surcritiques semblent approximativement suivre une loi d'échèlle avec
.
Dans l'ensemble canonique, les conclusions sont très différentes, la valeur moyenne de la taille du plus gros fragment diminue avec la température, la variance augmente, passe par un maximum puis rediminue
traduisant l'élargissement de la distribution de plus gros fragments observée au voisinage de la température critique. Les fonctions d'échèlle sont regroupées en deux familles distinctes possédant une asymétrie propre. Les distributions correspondant aux basses températures sont inclinées vers la droite tandis que celles correspondant aux grandes températures sont penchées vers la gauche, au passage de la température critique cette distribution du paramètre d'ordre s'aplatit avec une forme très large (fluctuation maximale). Assez loin de la température critique, les distributions de chaque famille se ressemblent beaucoup mais ne suivent pas rigoureusement une loi d'échèlle.
Le
n'est pas observé bien que le point critique thermodynamique soit exploré par la simulation (point d'intersection des deux droites dans le diagramme de gauche). En effet, même si on accepte d'interpréter la ressemblence des distributions comme une loi d'échèlle déformée par les effets de taille finie, il est clair sur la figure (3) que la relation entre
et
n'est pas linéaire sauf peut-être pour les températures fortement surcritiques. Toutefois les interpolations linéaires de la figure (3) montrent que si l'on dispose d'un domaine de variation de température limité, la réduction de la variance due à la loi de conservation sur la masse totale peut être faussement interprétée comme un changement de régime de
à
.